NOUS, TIKOPIA

 

Quand le réalisateur Corto Fajal quitte l'île de Vassivière pour celle de Tikopia, dans le Pacifique

 28/03/2019 à 15h00

 

Corto Fajal, un réalisateur très proche de la nature, qui a adopté le Limousin.

 

 

Corto Fajal aime partager dans ses films la vie d’hommes et de femmes. Il se plaît ensuite à accompagner ses réalisations de salle en salle pour échanger avec le public. Ce réalisateur, qui a adopté le pays de Vassivière, sera samedi soir à Aubusson (Creuse).

 

Samedi soir, Corto Fajal sera presque chez lui au cinéma Le Colbert à Aubusson (Creuse). Ce réalisateur confirmé a en effet, comme bien d’autres artistes, adopté le Limousin. En 2015, il a acheté une maison en bordure du lac de Vassivière, dans un village de la commune de Beaumont-du-Lac. Il n’a pas pour autant abandonné la Bretagne mais il se plaît à travailler et à se ressourcer dans une région qu’il a découverte en 2013 et où il a décidé de vivre une partie de l’année.

 

Une petite île à l’équilibre fragile

 

Samedi, Corto Fajal (*) nous conduira loin du Limousin, sur une île de l’océan Pacifique, une minuscule île volcanique de 5 km2 où vivent 2.000 Polynésiens. Elle constitue un petit monde isolé, qu’on rencontre dans « Vingt mille lieues sous les mers », sous la plume de Jules Verne.

 

 

L’automne dernier, le roi de l’île, Ti Namo, a découvert pour la première fois le monde occidental en se rendant à Grenoble à l’occasion de la sortie nationale du film de Corto Fajal, « Nous Tikopia ». Lui, comme tant d’autres, est inquiet des conséquences du dérèglement climatique. Il a notamment déclaré :

 

« Avant, nous subissions un cyclone tous les dix ans. Aujourd’hui, c’est tous les deux ans »

Ti Namo (Roi de l'île de Tikopia)

 

Corto Fajal inscrit son œuvre toute personnelle dans le temps. L’idée de son nouveau film lui est venue alors qu’il tournait le précédent, « Jon, face aux vents », une œuvre qui l’a consacré (plus de 40.000 spectateurs en France, une quarantaine de sélections en festivals, huit prix et distinctions, des achats de différentes télévisions).

 

Jon face aux vents, de Corto Fajal (2013)

 

Jon, c’est un éleveur de rennes qui vit au-dessus du cercle polaire, c’est un nomade qui se partage entre la vie traditionnelle et la vie moderne. Il appartient au peuple des Samis, dernier peuple nomade et indigène d’Europe occidentale. Un jour, la glace d’un grand lac craque, provoquant la mort d’une partie du troupeau de Jon…

 

Trois expéditions et une longue immersion

 

Corto Fajal, immobilisé dans une cabane en raison d’une tempête de neige, a lu « Effondrement », le livre de Jared Diamond, dans lequel il est question de l’île de Tikopia et surtout de l’effondrement de certaines sociétés mais aussi de la survie d’autres. Il a été suffisamment intrigué pour décider de s’y rendre. Il a organisé trois expéditions, en 2012, 2014 et 2016. Comme à son habitude, il s’est livré à une longue immersion. Comme avec Jon, la question de l’homme et de son environnement a été au cœur de son propos :

 

 

« J’ai une prédilection pour la réalisation de films mettant en valeur notre environnement naturel, les grands espaces et m’ouvrant à des rencontres et des expériences enrichissantes ».

Corto Fajal (Réalisateur)

 


Lui, il regarde le monde, il veut encore croire en son avenir. Il apporte sa contribution en filmant des hommes et des femmes dans leur quotidien, en pénétrant des civilisations méconnues, en interrogeant une société marquée par des millénaires d’histoire et assoiffées de technologies modernes.

 

 

Sur Tikopia,  la nature est essentielle

 

Sur l’île de Tikopia, il capte des moments de vie saisissants, il échange avec les habitants de ce bout du monde pour lesquels la nature est si essentielle. Ils vivent de fruits, de chasse et de pêche. Leur survie est menacée par le climat mais aussi une éventuelle surpopulation, il est impératif pour eux de maintenir une population stable. Ici, l’argent est interdit pour les échanges internes et la sauvegarde des traditions est primordiale.

 

 

 

 

"Nous Tikopia" La bande annonce from Corto Fajal on Vimeo.

 

 

 

Deux fois par an, des touristes sont autorisés à passer quelques heures sur l’île. Autant de faits qui ont marqué Corto Fajal. Samedi, cet homme de conviction parlera avec passion de cette « Terre miniature » du bout du monde. 

 


(*) Corto Fajal a réalisé son premier film en 1992. Depuis, il a ajouté à ses longs métrages des fictions courtes, des films de commande, des clips et des spots. « La vie sexuelle de Peter Pan », l’histoire d’un handicapé aspirant à une vie sexuelle épanouie, marque son œuvre.
 

© GUINOT Robert