À PROPOS DES RÉALISATEURS

Vincent est revenu de Guyane pour les pommes. « Je suis salarié agricole saisonnier », annonce-t-il d'emblée. Quand la taille des pommiers est finie au Chauchet, il taille la route avec Carmen, sa compagne. Elle est intermittente du spectacle et travaille pour France 3, loin de la Creuse. Leur année est entrecoupée de plages calmes, mais Carmen et Vincent n'en profitent pas pour aller à la plage. À moins que le sable ne soit occupé par une faune photogénique : « Nous sommes allés en Guyane pour filmer la tortue luth », glisse le cinéaste.                                                                                                  La Curée des Fauves sélectionné à Ménigoute

 

Vincent et Carmen mènent leurs projets de bout en bout. Ils ont auto produit, via leur association Carduelis, deux films en deux ans.                                                                                                   Vincent Primault a longtemps travaillé dans des associations de protection de la nature, avant de se fixer en Creuse. En 2010, il a rencontré Carmen, au Mali : « On partageait la même passion et la même vision ». Carmen apporte son expérience de la caméra. L'autre déclencheur de Carduelis, c'est la démocratisation du matériel : « Nous tavaillons avec un appareil photo reflex Canon qui permet de réaliser des films numériques en haute définition ». Tout en profitant des téléobjectifs surpuissants attachés à ce boîtier.                                                                                                                                 Leur premier film est né d'une rencontre avec les gardes de la réserve de Nazinga au Burkina Faso : « Ils recherchaient un moyen d'avoir un film à destination des scolaires », relate Vincent. Le duo s'est proposé et a réalisé Wogbo, un film construit autour des derniers grands groupes d'éléphants d'Afrique de l'Ouest vivant en harmonie avec les hommes.

 

En 2011, La Curée des fauves, leur second film, est également le fruit d'une rencontre fortuite : « Nous randonnions dans le Pyrénées et nous sommes tombés sur une carcasse de vache. » Vincent et Carmen montent alors un affût et observent durant plusieurs jours le ballet des vautours fauve. Ce film a emmené le duo creusois jusqu'au festival de Ménigoute (Deux-Sèvres), l'un des principaux rendez-vous européen du film animalier.                                                                                             Leur travail a été remarqué, mais surtout parce qu'il est à contre-courant : « Il y a une certaine surenchère actuellement dans les commentaires. Et les cinéastes se mettent de plus en plus en scène », estime Vincent. À l'inverse, le style Carduelis c'est plutôt de faire des images qui se passent de commentaires. La bande-son mixe une musique originale et les bruits de la nature. Un retour aux sources du documentaire animalier en quelque sorte. Cette économie d'effets correspond à une économie de moyens, dans tous les sens du terme. « Nous partons avec rien et nous nous débrouillons sur place. »